UN RAPPORT DÉNONCE LES MESURES ABUSIVES DE CONTRÔLE FRONTALIER ET LES LISTES D’INTERDICTION DE VOL

Medea Benjamin, cofondatrice de Code Pink a finalement pu pendre la parole lors d’une conférence sur la paix à Vancouver.

Medea Benjamin, cofondatrice de Code Pink a finalement pu pendre la parole lors d’une conférence sur la paix à Vancouver.

Le Canada a refusé à deux reprises à l’ancienne diplomate américaine Ann Wright de visiter le Canada. (Photo Christina Riley)

Le Canada a refusé à deux reprises à l’ancienne diplomate américaine Ann Wright de visiter le Canada. (Photo Christina Riley)

Medea Benjamin et Ann Wright

[le 11 juin 2008 3 h 42]

Militantes pacifistes américaines bien connues, Ann Wright et Medea Benjamin se sont vu interdire l'entrée au Canada le 22 octobre 2007 parce que leurs noms figuraient sur une base de données pénale du FBI, censée retracer des terroristes potentiels, des fugitifs et des criminels violents.

On leur a dit qu'elles ne pouvaient pas visiter le Canada tant qu'elles ne seraient pas « réhabilitées ». Malgré tout, Mme Wright a de nouveau tenté de se rendre au Canada quelques jours plus tard afin de prononcer une conférence sur l'utilisation des banques de données du FBI par les douaniers canadiens organisée par des députés sur la Colline parlementaire. Cette fois-ci, elle fut interdite d'entrée par les agents à son arrivée à l'aéroport d'Ottawa.

Sept mois plus tard, les deux femmes, ainsi que plusieurs militants pacifistes américains bien connus, ont eu la permission d'effectuer de courts séjours au Canada pour participer à une conférence pacifiste et assister au vote non exécutoire de la Chambre des communes visant à permettre aux résistants à la guerre américains de demeurer au pays.

« J'espère que cela marque un changement en matière de politique sur les militants pacifistes de la part du gouvernement canadien, » a déclaré Mme Wright, colonel à la retraite de l'armée américaine qui a démissionné d'un poste de direction à l'ambassade des États-Unis en Mongolie en 2003 pour protester contre la guerre en Irak.

« Nous espérons que ce soit le cas puisque nous ne menaçons nullement la sécurité nationale canadienne et en fait, les gestes que nous avons posés aux États-Unis qui ont entraîné notre arrestation, semblent refléter l'opinion publique canadienne à l'effet qu'il faut mettre fin à la guerre en Irak. »

Mme Wright et Medea Benjamin, cofondatrice de Code Pink, un groupe de femmes pacifistes et la directrice fondatrice de Global Exchange, sont entrées au Canada au poste frontalier de Blaine le 1er juin 2008 pour participer à une conférence sur la paix à Vancouver. La députée néo-démocrate Libby Davies est allée à leur rencontre aux États-Unis et les a escortées au Canada. « Je me suis portée garante d'elles lorsqu'elles furent interrogées par les représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), » a-t-elle indiqué, en ajoutant que les agents ne voulaient probablement pas faire une scène d'autant plus qu'une équipe de télévision était présente. Mme Davies s'interroge sur l'aspect arbitraire de ces mesures. Pourquoi Ann et Medea furent-elles retenues et interrogées pendant près de trois heures alors que Diane Wilson, une autre militante pacifiste qui a souvent été arrêtée, n'a même pas été interrogée lorsqu'elle est arrivée au Canada le même jour ?

Et pourquoi, s'interroge Mme Wright, fut-elle interdite deux fois en octobre ? Les représentants de l'ASFC lui ont montré un texte imprimé de deux pages qui faisait état de trois condamnations : une pour rassemblement illégal devant la Maison blanche pour la Journée internationale des femmes 2002 ; une autre pour avoir protesté lors d'une audience au Congrès en 2003 ; et la dernière pour violation de propriété quand plusieurs personnes sont entrées présenter à la mission américaine à l'ONU une pétition de 152 000 signatures contre la guerre, en mars 2005.

Mme Wright a aussi été interrogée au sujet de ses arrestations, toutes pour des méfaits - l'équivalent d'une contravention de stationnement - pour lesquels elle avait payé l'amende. « Ce n'est pas comme si on parlait de délits graves, explique Mme Wright. Il s'agit chaque fois de manifestations pacifiques, non violentes, et on nous interdit pour cela d'entrer au Canada.

Pour sa part Mme Benjamin a déclaré : « Il est scandaleux que le FBI inscrive des militants pacifistes sur une base de données criminelle internationale - c'est une façon éhontée d'intimider les citoyens américains qui s'opposent aux politiques du président Bush. Mais il n'est pas moins scandaleux que les services frontaliers canadiens se servent de cette base de données pour décider qui peut entrer dans le pays ».

Par ailleurs, le 2 juin 2008, le président de l'organisme Veterans for Peace, Elliott Adams et un autre membre Will Cover, ont quitté New York à destination d'Ottawa pour assister au vote de la Chambre des communes sur les résistants de guerre.